Alibaba et les 40 footballeurs ou quand la Chine pourrait devenir une puissance du football mondial

By | 1st December 2014

Alibaba et les 40 footballeurs ou quand la Chine pourrait devenir une puissance du football mondial © 6 Octobre 2014

Le 19 septembre dernier, le géant du commerce en ligne Alibaba réalisait la plus grosse entrée en bourse de l’histoire. Son PDG, Jack Ma, avait choisi le New York Stock Exchange pour bien marquer les esprits et son entreprise fut à cette occasion valorisée à hauteur de 168 milliards de dollars, soit quelques 130 milliards d’euros.

Alibaba s’intéresse aussi au football chinois

Si cette entrée fracassante en bourse fit les gros titres de toute la presse française et internationale, il n’en fut pas de même de l’achat par Alibaba, le 5 juin 2014, de 50% du capital du club de football de la ville de Canton, le Guangzhou Evergrande, pour 140 millions d’euros. Guangzhou Evergrande, meilleur club chinois de ces trois dernières saisons, est également la première équipe à avoir remporté le championnat asiatique. Il est actuellement entraîné par le légendaire Marcello Lippi, plusieurs fois champion d’Italie avec la Juventus de Turin, vainqueur de la Ligue des Champions et champion du monde avec l’équipe d’Italie en 2006.

Bien que l’on ne prête pas à Jack Ma un amour immodéré du football, ce dernier a probablement bien compris qu’un club de football de haut niveau pouvait sans aucun doute offrir à son entreprise un vecteur de communication et de promotion puissant. Mais il aura aussi sûrement estimé que le Guangzhou Evergrande pourrait être une clé lui ouvrant la porte de certains marchés asiatiques que les seules performances de son entreprise laisseraient hermétiquement fermées.

Avec un actionnaire et partenaire commercial de la stature d’Alibaba, nous pouvons légitimement penser que le développement du club de Canton s’accélérera et que sa domination du football chinois et asiatique ira en s’accroissant.

L’Europe du football s’intéresse à la Chine

Par ailleurs, nombreux sont les grands clubs du continent européen à régulièrement organiser des tournées de préparation en Asie pour y nouer des partenariats commerciaux. Chasse-gardée des clubs anglais pendant de nombreuses années, suivis progressivement des clubs espagnols et italiens, la Chine a accueillie cette année pour la toute première fois le Trophée des Champions français qui oppose traditionnellement le champion de France au vainqueur de la Coupe de France. Le samedi 2 août dernier, le PSG s’imposa ainsi 2-0 devant l’EA Guingamp avec deux buts de son attaquant vedette, Zlatan Ibrahimovic.

Dans la foulée, le PSG organisa d’ailleurs son « Asia Summer Tour » en jouant également un match amical à Hong-Kong et en bénéficiant d’une couverture médiatique sans précédent dans cette partie du monde.

La Chine et l’Asie sont économiquement dynamiques. Elles sont passionnées de ballon rond et le « football business » y fait ses premiers pas. Il est donc normal que les clubs européens de premier plan y voient de nouveaux marchés.

La Chine s’intéresse au football européen…

Les Chinois suivent en effet la Ligue des Champions européenne sur l’une de leurs chaînes de télévision principales alors que la Premier League anglaise est diffusée sur une douzaine de chaînes de télévision provinciales.

La Ligue 1 française n’est quant à elle accessible en Chine que via Internet.

En tout état de cause, le nombre potentiel de consommateurs de matches européens de haut niveau est donc particulièrement élevé.

Pour s’en convaincre, il convient de noter que lors de la dernière Coupe du Monde au Brésil, et alors même que la Chine, actuellement 97ème au classement FIFA n’y participait pas, c’est quelques 498 millions de personnes qui regardèrent la compétition.

Cet attrait pour le football européen va toutefois plus loin. Conscients de la nécessité de développer la pratique du football dans leur pays, les Chinois commencent également à investir en Europe. Ainsi, en mai dernier, le club néerlandais de première division ADO Den Haag (La Haye) devenait propriété de M. Wang Hui et de sa société Pékin United Vansen International. Derrière cette acquisition, c’est un vrai projet d’importation de la formation néerlandaise en Chine qui se dessine, avec la création d’écoles de football, l’accueil de jeunes joueurs Chinois aux Pays-Bas, etc…

…et va y investir lourdement à moyen terme

En d’autres termes, l’Europe va en Chine pour y signer des accords commerciaux. Ce mouvement est visible de tous, il fait de surcroît l’objet d’une communication accrue des clubs européens qui voient dans leurs campagnes de promotion en Asie un signe d’attractivité certain.

Mais la Chine commence à aller en Europe. Car elle a compris que le développement de son football, encore balbutiant au niveau du jeu, des infrastructures et de son enseignement, pourrait être accéléré par les investissements qu’elle y fera.

Certains investisseurs de l’Empire du Milieu s’apprêtent ainsi à rentrer au capital de clubs européens de tout premier plan. Des discussions ont commencé ci et là et elles aboutiront à court ou moyen terme.

Il n’est donc pas dit qu’un club français ne puisse pas prochainement trouver en Chine ce que le PSG a trouvé au Qatar et Monaco en Russie : à savoir une source de financement exceptionnelle que la France et ses entreprises n’offrent plus depuis des décennies. Et c’est alors la hiérarchie des clubs qui s’en trouverait bousculée.

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